Le Streckturm : un gîte chargé d’histoire

La tour de Rempart qui abrite le gîte date du XIVème siècle. Elle est chargée d’une Histoire dont nous nous sommes attachés à préserver certaines traces : en plus des majestueux murs de grès rose, la meurtrière est encore apparente, comme cette pierre à eau médiévale que vous pourrez observer en empruntant l’escalier.

l'histoire du streckturm

La tour Streckturm représente le vestige de la série de très nombreuses tours que comptaient les remparts de la Ville. Ces remparts ont subi de nombreuses modifications, agrandissements, démolitions partielles et reconstructions jusqu’à disparaître petit à petit dans les années 60. Il reste aujourd’hui moins de 5 tours.

Cette tour appelée Streckturm est unique dans le système de défense. En effet, sa forme ovoïde partielle lui permet de se dégager du rempart afin de pouvoir défendre la ville des invasions, de deux côtés :

  • côté terre, les champs qui se trouvaient en bordure de rempart étaient défendus par deux arbalétrières (l’une est restée en place dans la cuisine, et l’autre se devine dans les angles d’ouverture de la porte d’entrée de la cuisine.
  • côté rivière, la Zorn devait pouvoir traverser les remparts pour alimenter la ville, tout en étant protégée contre les intrusions.

La tour apportait donc un soutien à un pont barrage qui permettait, grâce à un batardeau central, de barrer l’accès avec des grilles et des planches insérées dans les rainures encore visibles dans la façade côté Zorn. Trois corbeaux matérialisent encore les deux niveaux de platelage du pont. L’accès se faisait par une porte aujourd’hui murée au 1er étage, dont on a retrouvé trace lors des travaux. Les fondations et le rez-de-chaussée dont les murs ont une épaisseur de plus d’1,20 m datent du XIVème siècle.

Le 1er étage est de style Renaissance, comme en témoigne la petite fenêtre de la chambre Zorn, tandis que le 2e étage et la toiture ont été repris au XVIIIème ou XIXème siècle. Les architectes historiques imaginent que le 2e, voire le 1er, étages étaient initialement rehaussés d’une construction légère en bois. On peut remarquer des encorbellements au-dessus du sofa de l’espace détente, qui permettent de créer un décroché dans la façade. Cela permettait de soutenir un mâchicoulis qui défendait verticalement la tour.

La tour porte son nom de l’époque de l’inquisition durant laquelle la tour de Cagliostro du château épiscopal en centre-ville servait de lieu de torture. Les évêques estimant que ces activités occasionnaient des nuisances sonores gênantes, ils auraient ordonné que les actes de torture se fasse au plus bas de la ville. Sa nouvelle vocation lui aura donné son nom qui l’a suivi jusqu’à ce jour : « Streckturm », la Tour des tortures.

l'histoire de la maison

La maison accolée est composée d’un côté par l’ancien mur du rempart qui vient mourir contre la Tour. Elle était probablement déjà employée en tant que bâtiment de garnison, et sa position en retrait par rapport à la Zorn permettait de créer une banquette. Cette banquette avait pour but d’attaquer les éventuels assaillants qui auraient passé le barrage sur l’eau. Le rempart a été détruit lors de la démolition d’une maison au siècle dernier pour créer une sortie à la rue du Feu qui initialement était un cul de sac. Les jardins avaient peu à peu fait place à des ateliers de fabrication de barriques qui profitaient de la proximité de l’eau. Puis, une manufacture de forets et mèches de perçage a occupé tout l’actuel parking. La Tour des Remparts avait alors été transformée en maison de gardien. Un bâtiment avait été ajouté au XIIème siècle, noyant totalement la Tour, ne laissant plus du tout apparaître son caractère. Ce rajout disgracieux a été démoli en 2011 et de très lourds travaux de rénovation ont été engagés pour dégager la lecture de la Tour et de son rempart. Ils ont permis de recréer une surface pour relier les deux bâtiments, ce qui n’avait jamais été possible. Par ailleurs, le bâtiment comportant le mur de remparts avait été transformé par EDF en transformateur électrique.

ce qu'il reste aujoud'hui

Lors de la transformation du bâtiment en gîte et sa remise à neuf, nous nous sommes attachés, quand cela était possible, à maintenir certaines traces de ce passé. Les vestiges d’une meurtrière ont été retrouvés à l’emplacement de l’actuelle porte de l’espace détente. Deux autres meurtrières ont pu être découvertes et rouvertes lors des travaux. Une ancienne pierre à eau au premier étage a été conservée. Son écoulement se faisait par une rigole latérale qui finissait par traverser le mur pour se jeter dans la Zorn.

Le Rempart reprend son cours le long des serres, et on le rencontre tout autour de la ville, plus présent en certains endroits. Si vous voulez l’admirer, il est très visible place des Dragons et depuis le parking des Rohan près du château.

pierre à eau ancienne
Ancienne pierre à eau d'origine
1826
Date d’une ouverture réalisée dans le mur de rempart médiéval
meurtriere
Une meurtière conservée pour devenir une fenêtre
gite-insolite-medieval-mur-remparts
Restes du rempart vus de l’extérieur

Patrimoine de la Région Alsace

   Extraits de la notice sur le patrimoine savernois :
« La Ville Moyenne séparée de la Ville Haute par un fossé et le mur de celle -ci est entourée sur ses autres côtés par un mur flanqué de tours et longé par la Zorn au Nord et un fossé à l*Est et à l’Ouest. A l ’ extrémité Nord de la Grand’rue se trouvait la porte dite Brucktor construite sur le pont de la Zom qui était fortifié et communiquait avec la Ville Basse. Une deuxième porte, dite du Griffon donnait accès aux châteaux extérieurs. Une autre porte est citée dans les archives dites Rosspfuhltor en 1409 (A.C. Saverne, n° 23). Elle se trouvait dans le front Nord-Est. On connaît le nom de deux tours : Vogelsturm (1384) et Streckturm près de la Brucktor. » (page 6)
« VESTIGES DES FORTIFICATIONS DE LA VILLE MOYENNE OU MITTELSTADT
La jonction entre les deux enceintes se faisait à l ’ angle de la tour D où l ’ arrachement du mur de la ville Moyenne est encore visible. Le mur Ouest de l ’ enceinte sert de façade Ouest à la maison n° 17, rue du Griffon, long de 28,60 m et haut de 7,50 m. Il est en petit appareil de grès. Le mur interrompu par la rue reprend de l ‘autre côté où il sert de façade Ouest à la maison n° 14, puis aux maisons de la rue de l ’ Oignon, du n° 6 au n° 24. Épaisseur du mur, 1,60 m, hauteur variable ; petit appareil régulier en assises horizontales. Le mur continue jusqu’ à la Zorn servant de façade Ouest aux maisons situées au bout des rues du Fer, de la Maille et du Feu. Au bord de la Zom, reste de tour avec quelques pierres à bossages et une archère. La tour surbâtie est accolée à une barbacane (habitée, n° 8, rue du Feu) qui défendait côté eau, l ’ entrée de la ville . Les rainures à glissières de la herse et deux séries de corbeaux superposés sont visibles côté Sud. En retrait sur la barbacane, reste du mur d*enceinte sur 4,50 m. » (pages 10 et 11)
Voir la notice complète

Des articles qui parlent de la Tour des Remparts

   Une balade le long de la Zorn dans le vieux Saverne avec Thierry Heitmann

   Un article sur les enceintes romaines de Saverne dans le webzine l’Archéographe
– L’avant-dernière photographie représente le Streckturm

   Un article sur l’histoire de Saverne qui parle de ses remparts sur le site de l’Association des Châteaux forts et villes fortifiées d’Alsace